Sur la courbe Est-Ouest, Montpellier, Alès, Uzes, Nîmes, il n'y a guère qu'une vingtaine de kilomètres vers Sommières. Tout autour un paysage de garrigues dont le vert sombre, profond, s'étage dans l'air bleu de chaque côté de routes sinueuses ponctuées ici et là de vignes qui évoquent tantôt des portées musicales, tantôt les lignes d'une écriture indéchiffrable.
Ces garrigues avoisinantes ressemblent aux vers de Racine : une rigueur minérale que le soleil chauffe à blanc en été. Puis la perspective s'élargit, les courbes sensuelles des coteaux remplacent les aspérités nettes où vient se déchirer le ciel. Le paysage proche conserve ses dominantes vertes mais, à l'horizon, les collines, puis les montagnes, deviennent de plus en plus bleues...
Sommières se cache là-bas, dans le creux de ce bleu.
On longe le Vidourle bordé de terrasses de cafés où le pastis, ainsi que le fleuve, coulent à flot et, parfois, balaie tout sur son passage. On traverse le pont romain construit sous l'empereur Tibère et, suivant la route au delà, on arrive à l'entrée de La Savonnière, où nos trois cyprès vous accueillent. La symbolique languedocienne veut que si vous plantez un cyprès à l'entrée de votre demeure, cela signifie : "Bonjour, entrez et venez boire l'apéritif !", deux cyprès : "Bonjour, entrez et venez boire l'apéritif et restez dîner !", trois cyprès : "Bonjour, entrez et venez boire l'apéritif et restez dîner, restez coucher, la maison est à vous !"... La Savonnière, parce que dans cette maison, à la fin du siècle dernier, "les réboussiers", ceux qui vivent de l'autre côté du pont, les gens à part, venaient au lavoir, ici même, faire leur "bugade" (laver leur linge)... puis ce fût une propriété viticole...
Laurence Béthoux-Rivière
La Lettre d’invitation
Un ancêtre viticulteur
a dit un jour à un de ses fils
Tu
Vois
mon
petit ...
la terre,
Plus
tu
lui
donnes,
donnera !
te
elle
Plus